Retour sur le BettFest, rendez-vous annuel de l’EdTech

Du 20 au 22 janvier se tenait le BettFest, grand rendez-vous annuel de l’EdTech internationale. Au tableau de ces trois jours : keynotes, débats, et surtout présentations de solutions digitales innovantes pour le monde de l’éducation. Retour sur cet événement incontournable pour les amoureux de l’EdTech. 

Le Bett, plateforme de rencontre mondiale de l’EdTech

Le Bett est l’un des principaux lieux de rencontre mondial de la communauté des technologies de l’éducation. Avec 30 ans d’ancienneté, il consiste aujourd’hui en une série d’événements sur tous les continents promouvant la découverte des technologies et des connaissances pour améliorer l’apprentissage tout au long de la vie. Tous les ans, le Bett attire plus de 60 000 éducateurs, dirigeants et experts du monde de l’éducation, ainsi que plus de 1255 fournisseurs de technologie provenant du monde entier. 

Le BettFest, tenu fin janvier à Londres de façon annuelle, constitue son événement phare. Pendant trois jours, 800 fournisseurs de technologies éducatives sont accueillis, 150 sessions de formation continue sont tenues, et différents panels se succèdent pour des visiteurs issus de 146 pays différents. Malgré une édition 2021 quelque peu chamboulée par la crise sanitaire, cette version en ligne a justement permis de renforcer le cœur du message du BettFest : correctement planifié, un apprentissage à distance peut fonctionner. 

Dépasser la crise sanitaire grâce à l’EdTech

L’actualité sanitaire de la dernière année domina naturellement les débats. Mais si la Covid-19 a d’abord révolutionné notre manière de conceptualiser l’éducation par une contrainte certaine, le BettFest propose justement d’aller au-delà de ce carcan. L’opportunité est donnée de fondamentalement repenser nos modes d’apprentissage ; à nous d’en tirer le meilleur. 

L’événement débuta avec un discours d’introduction de Nick Gibb, Ministre d’Etat chargé des normes scolaires. Il mit l’accent sur une thématique qui revint fréquemment lors des trois jours de Bett : l’impérieuse nécessité d’assurer l’accès à l’éducation pour tous les enfants pendant la pandémie. Le Royaume-Uni est confronté à un troisième confinement particulièrement strict, impliquant notamment la fermeture des écoles. Or, l’éducation doit demeurer – et demeurer de qualité. 

Le ministre mit surtout en avant le besoin de co-construire cette école de demain avec le secteur privé de l’EdTech. Pour une école plus résiliente, les gouvernements ne peuvent pas tout accomplir seuls. C’est pour cela que les événements tels que le BettFest sont si importants, surtout en cette période particulièrement difficile. En permettant une émulation intellectuelle et innovante de différents acteurs autour des thématiques éducatives, ils permettent de mieux penser l’école de demain.

L’innovation au service de l’école

Une succession de showcases, disponibles gratuitement sur demande, permit de montrer l’éventail de l’innovation dont l’école peut tirer profit pour faire face à la crise sanitaire. Des entreprises telles que Microsoft, Acer, Asus, Aruba, Intel ou encore Lenovo se succédèrent pour démontrer leurs applications éducatives. Avec son partenaire Logitech, Lenovo propose par exemple des kits afin de mener au mieux la classe à distance. 

Mais l’intérêt du BettFest tient surtout des innovations présentées par les plus petites start-ups, qui relèvent plus souvent du software que du hardware. DrFrostMaths est par exemple une plateforme d’apprentissage en ligne qui permet de rendre plus facile l’apprentissage des mathématiques à la maison. Depuis septembre 2018, plus de 8200 écoles s’en sont servies – et près de 9 millions de téléchargements de ressources ont été effectués. SAM Learning, quant à elle, est une plateforme qui permet un soutien individualisé aux élèves. De multiples autres solutions innovantes furent présentées au cours des trois jours de BettFest – toutes plus utiles et fascinantes les unes que les autres. 

Ce processus innovant fut poussé à son paroxysme lors des Bett Awards. Ce moment couronna les applications les plus innovantes et pertinentes pour les élèves. L’ensemble des résultats peut être retrouvé au lien suivant, sur la page du Bett. Mais les différents projets lauréats présentèrent beaucoup de points communs. Par exemple, l’utilisation de la VR (réalité virtuelle) – surtout dans l’éducation des plus jeunes, et de l’apprentissage adaptatif fondé sur des statistiques et des retours détaillés ressortirent particulièrement. 

Réimaginer l’éducation par une EdTech éthique

Invité lors de la première journée, le directeur général de Microsoft Satya Nadella présenta un rapport produit par son entreprise sur l’impact du confinement sur l’éducation partout dans le monde. Les auteurs du rapport interrogèrent des milliers d’élèves et d’enseignants à travers le Royaume-Uni, les Etats-Unis, et l’Inde. Principale conclusion : si 51% des enseignants sont prudents, 61% demeurent malgré tout enthousiastes quant à aux changements apportés par la crise sanitaire dans notre façon de percevoir l’éducation. 

Alors comment passer de la prudence à l’enthousiasme ? Comment renforcer la confiance dans ces solutions de l’EdTech ? Bien des doutes, souvent relatifs à l’utilisation des données scolaires, existent et sont légitimes. Le réputé historien et éducateur britannique Anthony Seldon tenta lors de l’événement d’en présenter une partie de la solution. Fondateur de l’Institut pour une IA Ethique dans l’Education, il porta un accent fort sur les mesures de contrôle et sur une juste réflexion quant à ce développement accéléré de l’EdTech depuis quelques années. Après une troisième révolution éducative basée sur l’éducation de masse, nous basculons vers une quatrième fondée elle sur l’enseignement hybride et sur de nouvelles méthodes pédagogiques permises par le numérique. Il s’agit désormais de bien se l’approprier. 

L’éducation est à l’intersection de toutes les crises liées à la Covid-19 ; si nous souhaitons pleinement tirer la page sur cette période difficile, il faudra d’abord et surtout veiller à prioriser là où se joue l’avenir de nos enfants. Mais si nous souhaitons l’adhésion du plus grand nombre, cela ne pourra que se faire de façon éthique. La balle est dans notre camp ; veillons à en faire un bon usage.