La Fondation l’IA pour l’École a réuni son collège scientifique

Ce jeudi 17 juin, la Fondation a rassemblé les membres de son collège scientifique, au sein de l’Institut de France,  afin de discuter des différentes actualités et futurs projets menés par les équipes de la Fondation. La journée a commencé par une présentation de notre nouveau livre blanc

« L’enseignement des mathématiques à l’heure de l’IA. Diagnostics, enjeux, préconisations »

un rappel des actions menées par la Fondation et s’est terminée par une discussion autour de la question suivante : Peut-on apprendre en s’amusant ?

Cette réunion a été l’occasion pour la Fondation d’introduire son nouveau membre du collège scientifique, Madame Hélène de Vanssay, entrepreneuse dans l’événementiel.

Retour sur la nouvelle publication de la fondation 

La réunion du Collège Scientifique a été l’occasion pour la Fondation de présenter son nouveau livre blanc “L’enseignement des mathématiques en France à l’ère de l’IA. Diagnostics, enjeux et préconisations” écrit par Philippe Fleury en co-construction avec Michel Authier. Était présent un journaliste du journal Le Monde.

La présentation de Philippe Fleury a permis de revenir sur la genèse de ce livre blanc et d’appuyer sur son caractère collaboratif. Qu’il soit entre les différents membres de la Fondation ou bien avec des acteurs issus du monde éducatif, de nombreux professeurs de mathématiques ont été consultés et ont apporté leurs connaissances et mis en lumière les innovations pédagogiques en matière d’enseignement des mathématiques. Leurs points de vue sur la question nous permettent de rester optimistes pour l’avenir : le corps professoral à la volonté de faire grandir sa discipline. C’est pourquoi, l’ouvrage de Philippe Fleury reprend notamment une des propositions faites par Monsieur Villani et imagine la création d’une plateforme qui rassemble de façon exhaustive les expériences pédagogiques réalisées. Ce serait un moyen de faciliter la découverte des différentes méthodes pédagogiques notamment pour les jeunes professeurs durant leurs premières années au sein de la profession.

Les mathématiques jouent un rôle majeur et utile dans notre société. De nombreux exemples de la vie courante le montrent. Au-delà d’être une discipline du tronc commun de l’enseignement aux côtés de la lecture et de l’écriture, les mathématiques sont utiles pour développer l’abstraction et l’esprit abstrait, composantes caractéristiques de l’Humain. Le niveau d’enseignement de cette discipline est évidement différent en fonction de l’appétence des élèves. Il est alors compliqué de concevoir un enseignement universel tant les profils des élèves sont divers.

 

Les Actualités de la Fondation

Notre travail dans les écoles

Sensibiliser les élèves aux technicités, aux enjeux et à l’avenir de l’Intelligence Artificielle étant une des missions premières de la Fondation, les équipes se sont mobilisées pour intervenir directement dans les écoles. Entre avril et juin 2021, Agathe Paigneau et Fiona  Beraud sont intervenues devant plus de 80 élèves, dans le cadre d’ateliers de 2h – exclusivement sous format Visio-conférence, en raison de la situation sanitaire.

Au programme : définition et explication (vulgarisée) du fonctionnement de l’Intelligence Artificielle, petit point sur l’histoire de l’IA, sur ses utilisations dans la vie civile ou dans le monde professionnel, analyse des enjeux et débats éthiques. Nous avons adapté nos programmes en fonction des besoins des professeurs : nous avons, par exemple, insisté sur les utilisations de l’IA dans l’industrie technique, ou invité un data scientist à venir expliquer son parcours. Nous cherchons à développer des ateliers plus interactifs pour les élèves, et ce malgré le format « en ligne ». Nous leur posons régulièrement des questions, organisons des votes d’opinions à main levée, et les invitons à prendre la parole le plus possible.

 

Notre partenariat avec le forum In-FINE

La Fondation l’IA pour l’Ecole – Institut de France est officiellement devenue partenaire d’In-FINE, le Forum International du numérique pour l’éducation. Partenaire du CNED, du réseau Canopé, de France Éducation International, ou encore de l’Institut des hautes études de l’éducation et de la formation, In-FINE a pour objectif de devenir « Le plus grand rassemblement annuel de chercheurs, d’entrepreneurs, d’investisseurs, d’acheteurs et de prescripteurs du numérique pour l’éducation ».

Dans le cadre de ce partenariat, qui est désormais en place pour une durée de 3 ans, la Fondation a été à l’initiative de deux conférences :

 

    • Pourquoi, et comment éduquer nos élèves à l’Intelligence Artificielle ?
      Présentée par Guillaume Leboucher, Marc Grassin, Fiona Beraud et Agathe Paigneau, le 11 mai 2021 
    • Réflexion sur la culture mathématique
      Présentée par Philippe Fleury et Michel Authier, le 17 mai 2021

 

Les trois projets de la Fondation

  • La Data Académie : La Fondation continue de travailler sur le projet de la Data Académie, un stage de vacances de 5 jours prévu pour les 15-18 ans (niveau lycée), qui propose aux participants de découvrir l’IA dans un cadre ludique et interactif.
  • Cap OcIAn : La Fondation continue de travailler sur le projet Cap OcIAn, un projet pédagogique centré sur les apports de l’Intelligence Artificielle dans la préservation des océans. Il s’agit d’un projet pluridisciplinaire (biologie, mathématiques, informatique, physique…) sur une période de 2 mois, destiné à des lycéens de seconde. En traitant des images satellites, les élèves pourront identifier des déchets en mer et se familiariser avec les applications concrètes de l’IA, technologie encore trop abstraite pour nombre d’entre eux. Ils pourront aussi développer des bases en programmation et cultiver un esprit civique et responsable.
  • Fermes urbaines intelligentes : La Fondation continue de travailler sur le projet des fermes urbaines intelligentes, un programme pédagogique interdisciplinaire portant sur une ferme verticale aménagée dans un conteneur recyclé. Autonome en eau et en énergie, le conteneur abritera une culture connectée, dont la croissance sera enregistrée et retranscrite par le biais de capteurs. Les élèves pourront alors suivre l’évolution de leurs plantations par le biais d’une plateforme interactive. Le projet est confié à Pierre-Luc Alabadan, en stage à la Fondation jusqu’en octobre 2021. Pour l’instant, la ferme urbaine est phase de développement. Nous avons pour projet de nous associer à une école pour mettre en place un prototype du programme de la ferme urbaine.

Questionnement du jour – Peut-on apprendre en s’amusant ?

Il est primordial de remettre en cause la notion de prérequis dans le système éducatif français. Les dernières recherches tendent à montrer qu’il est plus efficace de travailler à partir des acquis des élèves, dans l’objectif de les enrichir, puis d’étendre leurs horizons. Michel Authier a par ailleurs fait part d’une anecdote sur le travail d’un collègue enseignant dans le premier cycle. Ce dernier avait réuni dans une malle un ensemble divers d’ouvrages et livres, de la fiction aux essais de Michel Foucault. Cela étant, l’ensemble n’était pas adapté à des élèves de 4-5 ans, alors incapables de lire. La malle était en libre accès dans la classe et les élèves se faisaient alors un plaisir de découvrir les ouvrages et de questionner leur professeur sur leur contenu. Cette expérience prouve que l’idée de prérequis reste relative : la curiosité et la découverte interviennent peu importe le niveau ou les connaissances initiales de l’élève.

Par extension, le système de notation est également à revoir. Avec la notation basée sur la sanction et l’évaluation globale (l’idée d’assigner une note à un exercice nécessitant de réquisitionner plusieurs savoirs et savoir-faire différents), le système éducatif français perpétue le mythes selon lequel on ne peut pas apprendre en s’amusant. Selon Michel Authier, les sanctions existent car les enseignants eux-mêmes sont sanctionnés, et au-dessus d’eux dans la hiérarchie, l’Institution l’est également, à l’échelle des politiques éducatives nationales, des objectifs internationaux et des classements internationaux comme PISA, Shangaï…

Il est donc important de s’intéresser de près aux méthodes ludiques d’apprentissage. Hélène de Vanssay est intervenue pour nous parler des différentes plateformes de programmation et d’exploration scientifique ludiques qui émergent depuis quelques années, telles que les « Saventuriers » ou encore « La main à la pâte ».

Ainsi, pourquoi l’Education Nationale ne s’empare-t-elle pas de ces outils ? À l’unanimité, il a été conclu que ces changements ne peuvent pas venir de l’Institution elle-même, mais d’une démarche « Bottom-up » (du bas vers le haut) : les premiers concernés (les professeurs) doivent mettre en place ces projets, et avoir la latitude de le faire. L’Institution doit prendre conscience de l’importance de valoriser le travail des enseignants, car nombreux sont-ils à faire preuve d’initiative et d’implication. Les professeurs sont les premiers à reconnaître le facteur d’apprentissage qu’est la reconnaissance du collectif : les élèves ont le besoin de voir qu’ils existent dans le collectif et que leurs réussites individuelles soient collectivement reconnues, rendues visibles, au service de ce collectif. Philippe Fleury : “Personne ne sait tout, mais tout le monde sait quelque chose. On doit se servir des connaissances de tout le monde.”.

Découverte de l’institut

À l’issue de cette réunion, l’ensemble du collège scientifique et l’équipe de la Fondation ont eu la chance de visiter l’Institut de France. Cette institution publique, mécène et protectrice du patrimoine français nous a ouvert ses portes. Nous avons eu la chance de découvrir les différentes bibliothèques, de déambuler sous la coupole et d’en apprendre plus sur les différentes actions des cinq académies

Toutes les photos ont été prises par Thomas Graindorge, membre de notre collège scientifique et photographe. Pour en découvrir plus sur son travail, cliquez ici.  Article par Agathe Paigneau et Fiona Beraud.